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L’EXIL

grand abandon dans ses habitudes journalières, elle avait beaucoup d’ordre dans sa fortune qu’elle a plutôt augmentée que dérangée.

L’exil a été pour elle un chagrin affreux et, il faut en convenir, sous l’empereur Napoléon, l’exil était accompagné de toutes les petites vexations qui peuvent le rendre insupportable ; personne ne s’épargnait à vous les faire sentir. C’est le frein qui a exercé le plus d’influence sur la partie de la société dès lors désignée par l’appellation de faubourg Saint-Germain. J’ai connu plusieurs des personnes exilées ; elles étaient de goûts, d’habitudes de fortunes, de positions différents ; toutes exprimaient un désespoir qui servait d’avertissement salutaire. Aussi était-on scrupuleusement prudent à cette époque.