CHAPITRE v
J’ai toujours reproché à madame de Staël d’avoir entraîné ses amis dans ces malheurs de l’exil qu’elle sentait si vivement.
Pendant l’été de 1808, Coppet avait été très brillant ; le prince Auguste de Prusse y avait fait un long séjour. Il était fort amoureux de madame Récamier. Plusieurs étrangers et encore plus de Français s’étaient groupés autour de la brillante et spirituelle opposition de madame de Staël. Cette société, en se séparant, avait été répandre dans toute l’Europe les mots et les pensées dont elle stigmatisait le gouvernement impérial. Le prince Auguste les avait rapportés en Prusse où l’on était fort disposé à les accueillir. On s’était donné rendez-vous à Coppet pour l’été suivant. L’Empereur, informé de ce qui s’y passait, avait éprouvé une recrudescence de colère contre madame de Staël et décidé que ces réunions ne se renouvelleraient pas.
Il annonça ses intentions assez hautement pour que les amis de madame de Staël en fussent prévenus, entre autres madame Récamier et Mathieu de Montmorency.