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iii

Lettres adressées en 1799 par madame de Boigne au marquis et à la marquise d’Osmond, 11, Beaumont-street, Londres.


de Ramsgate, mercredi, 6 août.

Je suis bien fâchée mais point inquiète de n’avoir pas de lettres aujourd’hui ; la poste de demain m’apportera, j’espère, de meilleures nouvelles que celles d’hier. Vous me recommandez de me ménager, ma chère maman ; permettez-moi de vous donner le même conseil, vous en avez, au moins, autant besoin. Je viens d’aller à Sandwich à cheval et je suis fatiguée à mort, cependant ma promenade m’a fort amusée. Nous avons rencontré sept bataillons des Guards qui venaient s’embarquer ici ; nous en avons vu qui étaient au bivac, d’autres campés, d’autres pliant bagages, d’autres enfin en marche ; ceux-là s’embarquent dans ce moment sous mes fenêtres, ce qui n’est pas un très joli spectacle. Il y a un embargo depuis trois jours dans le port même sur les bateaux de pêcheurs, ce qui afflige vivement le général Dalrymphe à ce qu’il m’a confié hier. Rainulphe a la tête tournée : il ne rêve que cheval et soldat ; mais, quoiqu’il travaille peu, je ne regarde pas ceci comme du temps perdu ; il est bien employé pour sa santé et sa mine fait plaisir à voir. Je suis excédée, aussi je remettrai l’expédition de ma lettre à demain.

Jeudi. — L’abbé vous ayant écrit hier, j’ai indulgé ma paresse ou plutôt un mal horrible aux reins en m’arrêtant, car je n’en pouvais plus. Je suis bien mieux aujourd’hui mais bien fâchée d’être obligée de suspendre mes bains qui me renforcent et me délassent ; je les reprendrai le plus tôt pos-