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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome I 1921.djvu/407

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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

sible. Il fait un temps affreux, ce qui me décide à remettre ma promenade à cheval parce que je ne veux pas courir le risque d’être mouillée. Sur la route de Sandwich, hier, j’ai vu des moulins d’une construction extraordinaire ; j’ai demandé ce que c’était et on m’a dit que c’était des moulins à sel. Nous sommes descendus de cheval et nous sommes entrés dans la manufacture où un homme très poli nous a expliqué tous les procédés qui ne sont pas très compliqués mais qui m’ont intéressée. Vous voyez que je profite de vos conseils. — Je lis maintenant, pour la première fois, les lettres de lord Chesterfield : j’y trouve du bon et du mauvais ; surtout il me semble qu’elles n’étaient pas propres à l’impression car bien des choses qu’on peut tolérer comme conseils particuliers deviennent immorales quand on les érige en maximes générales. Je suis occupée à en traduire quelques-unes qui ne sont que des précis historiques très bien faits d’époques ou d’associations particulières. — J’ai vu hier madame O’Connell : j’ai passé une heure chez elle ; je vais lui envoyer vingt pounds pour commencer à acquitter mes dettes ; elle m’a chargée de vous dire mille amitiés. J’ai écrit lundi à madame Brandling et à lady Wilmot ; je donne quelques hints à la première sur notre rapprochement, mais je ne parle à Lucy de rien de ce qui s’est passé ; assurément, il serait fort à désirer que le public pût l’oublier. Monsieur Cruise est ici ; je ne l’ai pas encore vu, ce qui m’étonne. — Je n’ai point encore de lettre aujourd’hui, non plus que l’abbé, ce qui m’afflige et m’inquiète beaucoup. Je voudrais pourtant bien avoir des nouvelles de papa. Je vous ai quittée tout-à-l’heure pour attendre l’arrivée de la poste et j’en ai employé l’intervalle à écrire à madame Théobus et un billet à madame O’Connell en lui envoyant un billet de vingt pounds, mais monsieur de B. l’a vu et absolument voulu mettre à la place un draft de cent pounds : j’en suis bien aise en ce que je craignais qu’un retard pût gêner les O’Connell. — Quand mes souliers seront faits, vous me les enverrez avec quelques robes blanches, des bas, etc… car je m’aperçois qu’il ne me reste que la place de vous embrasser l’un et l’autre et je