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APPENDICE iii

remettrai les commissions à demain. Sûrement, si papa était plus mal, vous m’auriez fait écrire.

vendredi, 9 août.

Voilà deux lettres de vous, mon cher papa ; celle de mardi avait été envoyée par mistake je ne sais où. J’imagine que celle écrite mercredi à l’abbé l’y aura suivie, car je vois le même mistake écrit sur une lettre adressée au Général. D’après cela, cher papa, il me semble qu’il vaudra mieux dorénavant ajouter Kent à l’adresse. — Je commençais à être bien inquiète de n’avoir pas de nouvelles ; mais ce que dit le docteur me rassure un peu quoique je voudrais que vous ne négligeassiez aucune des précautions qu’on vous indique, car cette maladie dont vous êtes menacé me tourne la tête. — J’ignore comment on sait à Londres ce qui se passe ici, assurément ce n’est pas par moi, car je vous assure que je suis bien vos conseils en gardant sur tout ce qui me regarde le silence le plus entier ; d’ailleurs, avec la meilleure volonté du monde, je ne pourrais rien dire puisqu’il est vrai que je ne vois personne du tout. Au reste, je ne le désire pas, car, si ce n’était que je suis loin de maman et de vous, je ne regretterais que peu la société. Je m’occupe, je monte à cheval, je me promène, enfin je remplis très bien ma journée. — Monsieur de Boigne est très bien pour moi, mieux même que les premiers jours ; je lui sais aussi extrêmement bon gré de sa manière vis-à-vis de l’abbé et de Rainulphe, qui est parfaite. « Mandez à votre papa, me disait-il hier, que je suis le plus heureux des hommes et que cela va très bien. » Je n’ose pas, il m’a défendu de parler même à lui de mon intérieur. Cependant, je prends sur moi de faire sa commission. — Mon appétit est fort diminué et il m’est impossible de dormir, à mon grand désespoir, car je n’espère pas reprendre des forces avant d’avoir recouvré le sommeil. — J’ai coupé mes cheveux en petit garçon et je suis totalement défigurée, mais cela m’est plus commode et ils seront revenus avant peu : j’avertis maman pour sa consolation que je les ai coupés quarrés. — Je vous ai mandé hier que monsieur de B. avait payé les cent louis