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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome I 1921.djvu/414

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APPENDICE iii

m’aviez dit d’attendre l’été et il n’a duré que vingt-quatre heures ; est-ce ma faute ? plaisanterie à part, mandez-moi ce que je dois faire à ce sujet. Je dors infiniment mieux depuis quelques jours, mais, en revanche, je mange extrêmement peu ; au surplus, vous savez que, dans le temps où je jouissais de la meilleure santé, mon appétit a toujours été inégal. — Pourquoi ne me dites-vous pas quels doivent être nos futurs gouvernants ? c’est méchanceté pure, assurément, et vous avez d’autant plus de tort que je me trouve dans le cas de faire ma cour à tous ces grands personnages. — Monsieur de Maillé est à mourir de rire quand il raconte la manière dont monsieur de Puysieux s’y prend pour faire croire qu’il y a des dessous de cartes qu’on ne sait pas et que, s’il n’est pas de la première expédition, c’est qu’on garde les bonnes têtes pour la seconde, etc… Le comte Étienne suit-il Monsieur ? — Je viens de recevoir une lettre d’Amélie toute bonne comme elle. — Je vous remercie, cher papa, de m’envoyer les ouvrages de l’abbé Delisle ; je n’ai pas encore lu les Georgiques et, d’après leur réputation, je crois qu’elles me feront grand plaisir. — Monsieur Cruise a dîné chez moi hier ; il m’a prié de le rappeler à votre souvenir.

Dimanche 18. — J’ai pris mon grand parti : je me suis baignée ce matin et je m’en trouve très bien ; ainsi je suis bien aise d’avoir vaincu l’espèce de répugnance que m’a causé la mer qui, au surplus, n’a pas encore repris son assiette ordinaire. Nous allons demain à Deal et nous ne serons de retour que mardi au plus tôt ; ainsi, il est possible que vous n’ayiez pas de lettres de nous et je vous avertis de n’en être pas inquiet. — Nous avons été hier à Margate où j’ai vu une mousseline de demi-deuil qui m’a paru jolie et que maman recevra par le premier stage ; la rayure serait trop grande pour moi, mais elle sera très bien pour elle. — Merci, cher papa, de votre lettre ; quant au petit sermon, je tâcherai d’en faire mon profit et, si je ne réussis pas, cher papa, n’en accusez que mon étoile et ne vous fatiguez pas de la combattre ; assurément, vos sermons, si je ne les méritais pas, me seraient bien chers. — Il fait un temps affreux, pour