qu’il peut avoir disparaîtraient dans cette situation, et il convient lui-même qu’il a la vue trop basse pour pouvoir se distinguer dans les grades supérieurs ; il faudrait donc borner son ambition à faire manœuvrer une compagnie et, si je ne m’aveugle pas, il peut la pousser beaucoup plus loin. — Me voilà donc bien décidément préférant la carrière diplomatique ; il s’agit à présent de la manière d’y entrer : cette petite péninière qui travaille sous les yeux du ministre des Relations extérieures me paraîtrait une entrée fort désirable. Je sais bien que cela n’exempte pas de la conscription, mais, s’il ne s’agissait que d’un sacrifice d’argent pour se faire remplacer et qu’aucune défaveur ne s’ensuivit, nous nous soumettrions à en courir les risques. Peut-être pourrait-il aller passer quelques mois à Fontainebleau en y payant la pension et en sortir à la demande du ministre qui consentirait à s’en charger. Cela aurait l’avantage de le mettre à portée d’embrasser la carrière militaire s’il ne réussissait pas dans la carrière diplomatique ; mais, si ce séjour à Fontainebleau se prolongeait pendant longtemps, il est trop jeune pour ne pas y perdre une partie des avantages qui, je crois, le rendent propre à se distinguer dans l’état que je désire lui voir suivre. Vous savez comme moi, mon cher évêque, que les goûts de papa ont dû le porter à donner à mon frère une éducation qui le mette à portée de réussir dans cette carrière ; c’est un enfant de la balle que monsieur de Talleyrand protégera personnellement, j’en suis sûre, quand il le connaîtra. Des talents de société qui ont quelque valeur, parce que Rainulphe n’y attache aucune importance, deviendraient nuis absolument pour un militaire et peuvent lui procurer quelque agrément dans une autre situation. Tout, en un mot, me confirme dans le désir que je vous exprimais l’année dernière. Voilà, mon cher évêque, le résultat de mes constantes sollicitudes ; je ne doute pas que je les fasse approuver autour de moi si elles ont votre approbation. Vous êtes à même aussi de savoir comment il faut s’y prendre et de diriger les démarches. Les rigueurs de Fontainebleau n’effraient pas Rainulphe qui est fort décidé à faire ce qu’il faut pour réussir.
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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE