Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
CHUTE DE LA MONARCHIE D’ORLÉANS

L’immense fortune de madame Adélaïde était distribuée à ses neveux et nièces. Toutefois, le prince de Joinville et le duc de Montpensier étaient fort avantagés.

Lorsqu’on en vint à la clause qui faisait le Roi usufruitier, en lui laissant la direction de tous les biens et la jouissance de tous les revenus, le désappointement fut grand parmi les héritiers du fond, et l’irritation très peu dissimulée.

Le Roi s’en aperçut. Sous prétexte de se sentir trop ému, il rompit la séance. Elle ne fut plus reprise, au moins devant les mêmes témoins.

Les colères sourdes, régnant déjà sous le toit des Tuileries, s’accrurent. Les ambitions, qui s’agitaient autour de madame la duchesse d’Orléans, redoublèrent d’activité. Monsieur le prince de Joinville s’y associa.

Le Roi, dans les moments d’irritation qui devenaient de plus en plus fréquents, avait pris l’habitude de dire souvent : « Si on veut me rendre la vie trop dure, j’abandonnerai tout. Je me retirerai à Eu avec ma bonne Reine ; et on verra comment on fera pour se passer de moi. »

Les aspirants au ministère et les princes, hélas ! commencèrent à trouver qu’on pourrait bien le prendre au mot.

Les intrigues se liant de plus en plus, le prince de Joinville se montra si hostile que le gouvernement du Roi crut devoir l’envoyer, dans un semi-exil, rejoindre. en Algérie son frère, le duc d’Aumale. Lui-même se posait en mécontent depuis qu’on avait refusé de ratifier les engagements pris par lui vis-à-vis de l’émir Abd-el-Kader.

Il n’est pas inutile de remarquer ces dispositions de