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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/99

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CHUTE DE LA MONARCHIE D’ORLÉANS
(1848)


Depuis mon arrivée à l’âge de raison, j’ai vu s’écrouler trois puissants gouvernements, tous trois par le suicide et l’abus du principe qui les avait créés : l’Empire par la persévérance dans le despotisme et dans la guerre, la Restauration par une recrudescence inintelligente et inopportune de prétentions légitimistes, la Monarchie de Juillet par la crainte, poussée jusqu’à la pusillanimité, de sortir de la légalité et de manquer de respect à la bourgeoisie de Paris.

Si les personnes qui vivent désormais sont destinées à voir la chute du second Empire, je suis persuadée qu’il périra de la passion de gouverner l’univers par et pour les révolutions. On n’agite pas impunément cette hydre formidable et sanglante ; on ne l’apaise pas en la caressant.

L’Angleterre, après nous avoir fait dévorer, succombera à son tour à son cruel et perfide égoïsme. Mais elle résistera plus longtemps, grâce à cet esprit public que l’anglais puise dans son île et porte avec lui jusqu’aux extrémités de la terre, sans jamais en rien perdre.

Quelques jours après la mort de madame Adélaïde, le conseil de famille, les ministres et la famille royale furent réunis pour entendre la lecture du testament.