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CHUTE DE LA MONARCHIE D’ORLÉANS

cia de mon dévouement, et nous nous séparâmes bien affectueusement. C’est la dernière fois que je l’ai vue aux Tuileries.

J’appris, peu de jours après, que la Reine avait fait prévenir les personnages les plus sérieux, parmi les habitués de madame Adélaïde, et ceux plus particulièrement honorés de sa propre confiance (entre autres le chancelier) qu’on la trouverait tous les jours à cinq heures, quand on désirerait la venir voir. C’était là le but que je souhaitais atteindre.

Les ovations faites à monsieur de Lafayette dans le Midi et les banquets donnés dans beaucoup de villes pour acclamer les députés de la gauche causèrent une grande agitation dans l’esprit public. L’importance en fut si bien reconnue que les partis voulurent s’en servir à Paris.

Les oppositions de toutes les observances s’attelèrent à cette grande machine de guerre, avec des intentions plus ou moins perverses, voulant renverser, qui le ministère, qui le roi Louis-Philippe, qui la monarchie, qui, enfin, l’état social tout entier.

Les gens d’ordre se trouvaient de plus en plus alarmés, hormis ceux qui, avec plus de volonté et d’énergie peut-être, auraient pu conjurer un danger si évident et si imminent.

Je n’écris pas l’histoire. Je n’entrerai pas dans les détails des intrigues et des négociations qui se conduisirent, jusqu’au dernier moment, entre le gouvernement et les chefs de la gauche dynastique. Ceux-ci se croyaient encore les arbitres de la situation et, dès lors, étaient dépassés et ne représentaient plus rien.

Je n’écris pas l’histoire, je le répète. Tout au plus, puis-je me flatter, en retraçant les événements où j’ai assisté, comme acteur ou comme spectateur, de donner