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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/178

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CORRESPONDANCE

suites dont la pensée m’alarme. — Adieu, mes excellents amis ; j’attends des lettres avec l’impatience d’un cœur tout à vous.


Altona, 18.

J’ai bien des choses à vous raconter depuis hier, ma chère maman ; je vais chercher à mettre de l’ordre dans mon récit. En vous quittant hier, j’allais chez madame de Viguier. La société présente était le duc d’Havré, madame de Bouillé et madame Morel. Je vous assure que l’air d’Altona n’a pas été plus favorable à l’esprit de madame de Viguier qu’à sa figure. J’ai été abasourdie de m’entendre apostropher deux minutes après mon entrée par : « Eh ! bien, madame de Belzunce a donc rabattu de sa morgue et de son train ? » Vous jugez bien qu’une ignorance bien réelle a dicté ma réponse. Madame de Viguier m’a demandé si j’allais à la comédie samedi (la troupe française joue à Altona). « J’ignore encore si j’irai ; si je puis faire un arrangement avec une autre femme, peut-être m’y déciderai-je ; si lady Webb, par exemple… » — « Lady Webb ! ah, dressez vos batteries ailleurs : elle va avec ma fille. » — « Au pis aller, je resterai chez moi, et c’est un arrangement qui me convient toujours. » J’ai été, de là, chez lady Webb, mais elle ne savait pas si nous serions friendly ou formal. Les batteries me sont revenues dans l’esprit et je n’ai pas pu m’empêcher d’en rire. Lady Webb m’a dit que lady Crawfurd l’avait chargée de me prier d’aller chez elle paarce que elle désirait beaucoup me connaître et qu’elle ne pouvait pas faire de première visite accordingly. Il a été décidé que j’irais aujourd’hui à Hambourg avec lady Webb pour faire une visite à lady Crawfurd, qu’elle (avec sir