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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

mieux que je ne croyais. Il n’y avait de ma connaissance que madame de Matignon qui m’a trouvée jolie comme un ange, coiffée à ravir, mise comme une nymphe, etc… J’ai été, comme vous pouvez croire, extrêmement flattée de tous ces compliments dont je connais la sincérité. La duchesse de Montmorency n’y était pas, parce qu’elle était incommodée, madame Cockburn parce qu’en vérité on avait oublié de lui dire de venir. Madame de Bool, la femme du ministre d’Autriche, qui était chez lady Crawfurd, m’a fait mille politesses ; c’est une dame de Munich ; elle m’a proposé des lettres pour sa famille que j’ai acceptées avec reconnaissance ; elle est fort jeune, fort jolie, fort aimable, et elle m’a dit : ah ! qu’on est heureuse d’aller à Munich, avec un ton que j’ai reconnu. — Lady Crawfurd m’a dit avoir été, avant hier, chez lady Webb, qui était dans son lit fort menacée d’une fausse couche. Je vous quitte pour aller chez elle.


Dimanche 23.

Nous ne partirons pas demain, à cause de la voiture qui ne sera prête que pour mardi. Encore notre départ est-il bien hasardé, puisqu’on ne passe pas l’Elbe souvent pendant des semaines entières ; cependant on nous fait espérer qu’en remontant la rivière pendant vingt ou vingt-cinq milles, nous parviendrons peut-être à la traverser, en y mettant cinq ou six heures. Le duc de Choiseul, qui attend le second dégel à Cuxhaven, a tenté trois jours de suite le passage de l’Elbe sans pouvoir l’effectuer. Quel triste pays pour voyager ! J’imagine que monsieur de Choiseul sera fort fêté à Londres : le récit qu’il peut faire doit être plus intéressant pour le cœur que pour l’esprit ; car, malgré son long et pénible séjour