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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/232

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CORRESPONDANCE

quelqu’un pour m’avertir dans ce moment là. — Je ne sais pas si le prince Henri de Prusse qui était à Hambourg est le véritable… ; ce qui me le ferait croire c’est que, le jeune prince ayant été arrêté par ordre de sa cour et conduit à Magdebourg, le duc de Montmorency a fait son entrée dans la ville libre huit jours après.

Brunswick, vendredi 28.

Nous sommes arrivés ici à onze heures. Je me suis informée de la demeure de la comtesse de Gramont et j’ai appris avec un véritable chagrin que la pauvre femme n’existait plus depuis quatre mois. — J’ai été voir le palais du duc qui est au-dessous du médiocre et le museum où il n’y a qu’un morceau curieux : c’est une seule onyx travaillée en vase qui représente les mystères de la bonne déesse ; cette pièce (qui servait probablement aux sacrifices) est fort belle, mais le reste n’est qu’une réunion de colifichets de cire, d’ivoire, de nacre, de perles, etc… Il est vrai que la plus belle collection du monde ne pourrait point intéresser par le froid exécrable qu’il fait. — En allant au château, j’ai rencontré la sœur du duc régnant à pied, accompagnée d’une seule dame et suivie d’un laquais : il ne paraît pas que cette cour étale beaucoup de faste ; on m’a montré l’appartement de madame la princesse de Galles… pauvre princesse ! — Les traîneaux de Brunswick sont les plus beaux que j’aie encore jamais vus ; quand j’en entends passer, je cours à la fenêtre comme un enfant ; j’aime mieux cependant les regarder qu’en user ; il doit faire cruellement froid. Ici, le cheval du palefrenier (qui précède le traîneau) et celui qui traîne sont tous deux couverts de peau de tigres, ainsi que la femme qui occupe l’intérieur de la coquille ; c’est vraiment fort joli. — J’ai quitté Hambourg sans lettre et je n’ose me flatter d’en trouver à