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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/233

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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

Munich où je crois que nous arriverons dans dix jours au plus tard, puisque nous avons fait le quart du chemin en trois jours ; je ne sais d’où je vous écrirai la prochaine fois, mais ce sera bientôt. Le pays de Hanovre qu’on ne quitte qu’à deux milles de cette ville est le plus vilain que j’aie encore vu : il n’y a ni blé, ni bois, ni prairies, mais, en revanche, beaucoup de peat. — Madame Cockburn était venue passer la nuit qui a précédé mon départ à l’hôtel d’Angleterre pour aller au bal à Hambourg. En descendant le matin, j’ai rencontré son mari sur l’escalier ; je ne l’ai vu que quelques minutes et pour la première fois, mais il m’a paru que sa réputation n’était nullement usurpée, qu’il prêtait en tout au ridicule dont on l’accable ; il a appelé sa femme pour venir me voir, et j’ai vu que vingt fois il l’avait mise au supplice. Dans le fait, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui eût plus mauvais ton : c’est exactement celui de monsieur Bowles lorsqu’il est devenu si confiant, et cela est d’autant plus choquant qu’il a une fort jolie figure et l’air très distingué. — Adieu, mes chers amis. Je suis horriblement fatiguée et il ne me reste que la force de vous embrasser de tout mon cœur. Je ne sais si vous pouvez me lire, car j’écris dans mon lit et assez incommodément. J’embrasse Rainulphe ; mille amitiés au bon abbé. Monsieur de B. parle toujours d’aller rencontrer ses sœurs. Adieu.



Stolberg, dimanche 2 mars.

Vous avez vu par ma lettre de Brunswick, mon cher papa, que nous avions traversé l’horrible pays de Hanovre sans aucun accident en dépit des routes. Hier, nous avons couché à Blankenburg, à huit milles allemands de