batailla trois jours ; mais enfin les hommes qui avaient fait effacer les fleurs de lys triomphèrent, et le parti le plus lamentable et le moins politique l’emporta.
Moins bien inspiré que sa tante, pitoyablement entouré et mal conseillé, monsieur le duc de Bordeaux se montra à un concert public le jour où la poste apporta le funèbre récit de la mort de son cousin. Sa présence et celle des français qui l’accompagnaient furent d’autant plus remarquées que la salle était presque déserte, un grand nombre des visiteurs des eaux de Tæplitz, de diverses nations, s’étant abstenus de s’y rendre.
Je recule à parler de l’aspect que me présenta Neuilly, lorsque j’y retournai le lundi 18, tant mon cœur se serre à ce lugubre souvenir.
C’était le palais de la mort, peuplé de fantômes. Un nombreux clergé se relayait, jour et nuit, autour d’un immense catafalque, dressé dans la petite chapelle dont il occupait les deux tiers. Une triste et monotone psalmodie troublait seule le silence ; on l’entendait de partout.
L’excessive chaleur forçant à tenir tous les volets du château fermés, hormis ceux de la chapelle où la multitude des lumières dévorait l’air, on n’apercevait, dès la cour, que ce simulacre du trépas pour tout signe d’habitation humaine.
Tandis que j’étais agenouillée au pied du catafalque, je devinai, plus que je n’entendis, un mouvement dans la tribune ; deux personnes y étaient prosternées. J’osai à peine les regarder, mais je crus reconnaître la Reine et la princesse Clémentine.
La famille royale résidait, en quelque sorte, dans cette tribune. Pendant toute la journée, elle s’y succédait et souvent s’y réunissait ; mais, la nuit, le Roi et la Reine fréquentaient seuls la chapelle. Ils venaient alors se jeter