Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
CORRESPONDANCE

moment aussi doux. Je ne pourrais pas vous exprimer à quel point le peu de lignes que vous avez tracées, le jour de l’anniversaire de votre mariage, m’ont émue. Ah ! maman, puissé-je toujours être digne d’une telle bénédiction. Je suis heureuse d’avoir reçu de vos nouvelles et, pourtant, je suis triste, triste à mourir. Je ne doute pas, d’après ce que me dit papa sur le désir qu’il a que je me concilie l’intérêt des parents de monsieur de Boigne, que vous approuviez mon voyage à Vérone : quant à celui de Paris, il n’en a jamais été question, à ce que dit monsieur de Boigne. Ce qui est certain, c’est que cela a été pour moi la première nouvelle. Le ciel me préserve d’une pareille expédition ! — Si je reçois des lettres d’Émilie, je vous manderai ce qu’elles contiennent. Des lettres précédentes auront pu vous faire comprendre à quel point sa présence en Angleterre me serait agréable : celle-là connaît le serpent tout comme moi, et c’est beaucoup dire, je vous assure. — Cette histoire de monsieur de Lussé est horrible ; je suis bien fâchée aussi pour cette pauvre mademoiselle Benfield : d’après ce nouvel incident, ils doivent être totalement ruinés. — Il me semble que monsieur O’Connell a choisi un bien mauvais moment pour aller en Irlande ; sa femme aurait plus besoin que jamais de ses soins. Mais, je le vois mieux que personne, souvent nécessité fait loi. — J’ai été, hier au soir, un moment chez madame de Lerchenfeld que je voulais rencontrer avant mon départ. Cette jeune femme me plaît chaque jour davantage ; elle joint à beaucoup d’usage du monde et à une grande politesse de l’esprit et de la sensibilité. Elle est fort aimée et fort considérée ici. Je suis fâchée des histoires qu’on fait sur le compte de madame Henry Dillon. Au reste, je me suis doutée qu’elle avait tort dès que j’ai vu madame de Martinville prendre son parti. — Quant à cette fièvre dont papa se vante,