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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/266

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CORRESPONDANCE

pas d’autre nom) : il est maître : il dicte les ordres auxquels il a l’air d’obéir ; de plus, c’est un complete busy body ; il croit que tout le monde a en lui la même confiance que ses hôtes, et il se trompe, car je n’en ai pas plus en son cœur qu’en son esprit. Enfin, I am glad to be off. L’intérieur de mon oncle me serait odieux, mais il paraît lui être fort agréable. Il y a toute la journée du monde chez lui, des hommes c’est-à-dire, car jamais de femmes. On y joue au trictrac depuis trois heures jusqu’à neuf où le whist de mademoiselle Alexandrine commence. En fait de mangeaille (car c’est une des parties qui occupe le plus la société, surtout monsieur d’Amécourt, digne émule de Fricandeau Bouzale) mademoiselle de M. s’en occupe beaucoup ; elle a une très bonne cuisinière, ce qui fait que, sans avoir rien de bien recherché, tout ce qu’ils mangent est bon. À propos, je me demandais par qui tout ce que je disais à mon oncle était répété à monsieur de Boigne : c’était par le cher curé, tout simplement. — Je fermerai ma lettre demain matin avant de partir. Si mes lettres sont moins régulières pendant les sept ou huit jours que nous serons en voyage, n’en soyez pas inquiets. Je ne peux pas répondre que je serai toujours à temps pour la poste, lors même que je saurai son départ. Adieu, chers.


Samedi 12.

Adieu, bien chers. Je suis fâchée de quitter le bon oncle, mais je ne regretterai guère Munich, ni le séjour que j’y ai fait. Depuis qu’on sait notre départ, nous sommes accablés de tous côtés de demandes d’argent exorbitantes. On me recommande toujours en particulier d’appuyer les demandes, mais il y a raison partout, et j’ai fini par dire à monsieur de Boigne la situation où l’on