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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/28

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MORT DU DUC D’ORLÉANS

chargée. Le papier le plus récent lui avait été remis lors du départ de monsieur le duc d’Orléans pour l’Afrique, en 1840.

Les notes, lues en conseil des ministres, furent jugées d’une nature trop intime pour être publiées. Avouons aussi qu’écrites, en partie, à des époques où les idées de monsieur le duc d’Orléans n’avaient point encore acquis la maturité où elles sont parvenues dans les dernières années de sa vie, elles n’auraient pas fait à sa mémoire tout l’honneur qu’elle méritait d’obtenir.

Dans le plus nouveau de ces documents mortuaires, le prince demandait au Roi de confier à madame la duchesse d’Orléans l’éducation de ses enfants, en prenant pour elle l’engagement solennel de les élever dans les sentiments les plus orthodoxes de l’Église catholique, en même temps qu’il se prononçait fortement et catégoriquement contre la régence entre les mains d’aucune femme, disant textuellement, si je suis bien informée, que « d’ici à bien longtemps le chef du gouvernement en France devait toujours être prêt à monter à cheval dans le quart d’heure. »

Ces pièces furent immédiatement communiquées à madame la duchesse d’Orléans ; elle les accepta et y a réglé sa conduite. Il est probable, cependant, qu’elle n’avait pas connaissance de ces dispositions du prince ; car, dès avant son arrivée à Neuilly, son esprit, en s’occupant de la série d’infortunes qu’un si grand malheur lui préparait s’inquiétait des soins de sa régence ; et, se reportant aux troubles de la minorité de Louis xiv, aux difficultés du gouvernement pour Anne d’Autriche, elle les rappelait en comparant ces temps, soi-disant agités, à ceux bien autrement bouleversés où nous vivons, et en tirait un motif de plus à la mortelle douleur dont elle était frappée.