Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
282
MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

à dire ; enfin je vous apprendrai que miss Courli a éprouvé plusieurs accidents depuis son arrivée ici, que par exemple, monsieur de B. l’a jetée à l’eau au bout du pier ; la pauvre petite, fatiguée, à moitié chemin a coulé bas ; nous l’avons crue perdue lorsqu’une vague l’a jetée à terre, presque noyée. Elle a eu le spleen pendant trois jours ; du reste, elle est maintenant très bien. — Je n’ai pas l’imagination de Mrs Radcliff, mais Arundell ne m’a inspiré aucun autre sentiment que celui du mauvais goût de son propriétaire. — Adieu, chère maman ; je vous embrasse et je vous prie de parler de moi à tous les gens qui s’y intéressent.



Hothampton Crescent, Bognor, vendredi 29 août 1800.

Mon bon papa, je te remercie de ta lettre de mardi que j’ai reçue hier. Je suis bien aise que mes deux lettres soient arrivées ensemble, car je n’étais pas fort contente de la première : elle était un peu dull, n’est-ce pas, mon bon papa ? — Depuis hier, nous habitons une très jolie maison, fort commode et située dans un charmant pays. Cette situation me conviendrait assez, si je pouvais m’y entourer des personnes si nécessaires à mon bonheur. Mesdemoiselles North, arrivées mardi, sont mes très proches voisines ; j’espère que leur présence rompra un peu l’entière solitude pour laquelle je suis convaincue que le bon Dieu ne m’a pas formée. Louisa, Elisabeth, Brownlow et Charles sont ici ; l’évêque et Lucy doivent les suivre aussitôt que madame Garnier sera hors d’affaire, après avoir donné le jour à un troisième enfant. — Je suis bien aise que vous retourniez à Londres. Les lettres de maman me paraissent plus tristes, et j’entendrai par-