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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/300

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CORRESPONDANCE

danse a commencé. Mademoiselle de Saint-Jules danse parfaitement ; tout le reste était fort au-dessous du médiocre. Après avoir refusé plusieurs fois, j’ai offert de servir de pilier pour allonger le set et, par complaisance, je me suis tenue là debout pour pirouetter avec tous ceux qui passaient pendant quelque temps ; enfin j’ai descendu le set avec monsieur Foster qui danse bien et je m’en suis tirée mieux que je n’aurais cru ; j’ai promis à Brownlow de danser avec lui lundi prochain et je compte, en effet, chercher à secouer mon awkwardness ; assurément il est impossible de trouver une meilleure occasion d’être gauche, si gauche je suis, ce que je ne crois pas. Peut-être, à mon retour à Londres, prendrai-je quelques leçons avec Rainulphe. Nous verrons. — Ah ! maman ; ma robe aurait pu être chiffonnée ; quel ton, quelle manière ! L’éducation qu’a reçue cette jolie madame Farrel explique sa conduite ; son père, l’amiral Thompson, la menait dans tous ses voyages, les mousses ont été ses seules compagnes et c’est à bord d’un vaisseau qu’elle a appris à se conduire ; assurément il n’y a rien qui n’y paraisse, elle ne danse que comme les matelots, elle whisk about. Lucy North, qu’elle n’avait jamais vue, s’est trouvée sur son chemin ; elle l’a prise par les épaules sans s’arrêter et l’a fait pirouetter de manière à lui faire perdre son aplomb et puis, avec un gros rire, elle a continué à danser. Enfin, maman, ma robe pouvait être chiffonnée. — Lady Elisabeth et Caroline étaient les seules personnes qui paraissent des women of fashion ; car vous savez que les North en ont le jeu sans l’air. Monsieur de Boigne a demandé à lady Elisabeth qui était Caroline ; elle a saisi avidement l’occasion de nous dire qu’elle était une orpheline, que ses parents l’avaient confiée à elle, lady Elisabeth, au commencement de la Révolution et qu’elle avait une fortune assez con-