Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/132

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de minerais de fer, exploités sur la surface des terrains calcaires de l’est de la France, tels que ceux de Saint-Pancré (Moselle), et de Poisson (Haute-Marne).

D’après les observations que M. Clère, ingénieur en chef des mines, a eu la bonté de me communiquer, l’une des plus hautes sommités des Ardennes françaises, près du moulin de Revin, sur le bord de la vallée de la Meuse, route de Fumay à Rocroy, est couronnée par un poudingue ferrugineux qui appartient vraisemblablement à la même formation de minerai de fer. L’élévation qu’atteint ici ce dépôt, qui dans tous les cas est très moderne, vient évidemment à l’appui de l’opinion de M. d’Omalius d’Halloy, qui regarde les Ardennes comme devant une partie de leur hauteur actuelle à un soulèvement très moderne, et la vallée de fracture dans laquelle coule la Meuse, de Charleville à Namur, comme résultant d’un déchirement produit par ce même soulèvement. La même idée s’appliquerait sans doute à la vallée du Rhin, de Bingen à Cologne.

Dans un grand nombre de cas ces dépôts de sables et de grès sont entièrement recouverts par le terrain meuble des plateaux bas ; de telle sorte qu’au premier abord on pourrait les croire compris dans ce dernier terrain ; mais cette idée n’étant fondée sur aucune preuve directe, doit céder aux preuves de l’opinion contraire qui ressortent à chaque pas de l’étude des tertres sableux, dont nous nous occupons.

Le plus remarquable de ces tertres, quoiqu’à la vérité un peu excentrique, est peut-être celui sur lequel est bâtie la ville de Cassel (département du Nord) ; il est formé en entier de sables, en partie coquilliers, dont le grand développement n’empêche pas de reconnaître la complète analogie, d’une part, avec ceux qui forment la base des plateaux de calcaire grossier des environs de Compiègne, de Laon et de Reims, et de l’autre, avec ceux qui, aux environs de Londres, servent de support au London-Clay.

La base de la montagne est composée d’un sable quarzeux jaunâtre, dans lequel on trouve des veines assez nombreuses d’un grès très ferrugineux. Aux deux tiers de sa hauteur sur la route de Lille, on exploite un sable micacé, mélangé de grains verts, qui ne différent en rien de ce qu’on appelle chlorite, dans les couches inférieures du calcaire grossier parisien. Certaines parties de ce sable sont tout-à-fait friables ; d’autres faiblement aglutinées par un ciment calcaire, fournissent de mauvais moellon. Quelques portions, tant des parties friables que des parties solides, sont extrêmement coquillières. On y trouve un très grand nombre de nummulites, des individus souvent très grands du Cerithium giganteum, un nautile probablement identique avec celui que M. Dufrénoy a trouvé à Vaugirard et à Chaumont (Oise). Plusieurs espèces d’huîtres, dont une lisse et une striée, qui toutes deux me paraissent difficiles à séparer des huîtres lisses et striées qu’on trouve à Chaumont ; des moules d’une grande crassatelle (probablement la Crassatella tumida), et beaucoup d’autres coquilles.

Au-dessus des assises coquillières se trouve une assise de sable fin un peu argileux, très chlorité. C’est probablement à des assises de cette nature, intercalées