Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/166

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se détruire facilement par l’action de la pluie et du temps ; aussi, quoique les antiques édifices de Focra se trouvent précisément au milieu des lambeaux de ce banc calcaire, le peuple inconnu qui les a bâtis a préféré se servir des couches suivantes, quoique moins homogènes. Ce banc remarquable tranche par sa blancheur au milieu des roches qui lui sont superposées ou sous-jacentes, et il m’a beaucoup servi pour retrouver la succession des couches au milieu du bouleversement de la montagne. C’est ainsi qu’auprès des ruines de Focra j’aurais pu faire un double emploi ; car toutes les couches qui sont sur le côté droit de la vallée par laquelle on monte au Sannine ont éprouvé un affaissement qui fait qu’elles se trouvent beaucoup plus bas que les couches correspondantes du côté opposé.

13" Immédiatement sous le banc calcaire précédent recommence le calcaire jaune. Cette roche-ci est une roche jaunâtre un peu cristalline et paraissant contenir des grains de sable jaune ; elle se divise en lits minces et contient des coquilles. Son inclinaison est la même que celle du banc précédent.

14° Des couches de plus en plus sablonneuses, jaunes et ferrugineuses.

15° Un grès calcaire reparaissant toujours avec la même direction et la même inclinaison.

16" Des couches sablonneuses succédant à la couche précédente en bancs épais, variant en couleur et en dureté ; les unes à grains fins, d’autres à grains plus gros. Certaines parties sont rouges, jaunes, violettes ou blanches, etc. Quelques portions sont boursouflées, celluleuses, et fortement ferrugineuses. On y remarque quelques vestiges de lignites.

Ce terrain sablonneux repose sur des couches calcaires à stratification montant légèrement vers l’O., et qui de loin m’ont paru semblables au calcaire de Raifoun ; j’ai pu m’assurer ailleurs que je ne me trompais pas. Elles ont la même couleur, la même disposition caverneuse, le même aspect ruiné.

Telle est la suite des couches aussi complète qu’il m’a été possible de la faire depuis le haut du Sannine jusqu’au terrain le plus inférieur, qui cependant doit être à près de la moitié de la hauteur totale de la montagne, au-dessus du niveau de la mer. Les épaisseurs relatives des masses peuvent être représentées assez exactement par la figure 2, pl. XII.

En réfléchissant sur ce que j’avais vu, il m’a semblé que cette succession se retrouvait à peu de chose près dans les couches du bord de la mer ; si ce n’est qu’il manque, parmi ces dernières, celles qui forment le sommet du Sannine et qui n’y sortent pas du fond de la mer. En effet, de part et d’autre, en allant des couches profondes aux plus superficielles, on trouve le calcaire dont l’aspect est ruiné et la structure caverneuse, n° 1 ; puis vient un terrain sablonneux, n° 2. Quoique parmi les grès d’Antoura je n’aie pas marqué la couche calcaire interposée, je suis cependant presque certain de son existence, et j’avais observé qu’il devait y en avoir une, même avant d’avoir vu le Sannine, et d’avoir pu faire aucun