Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/167

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rapprochement. Ainsi lorsqu’on se trouve au-dessus d’Antoura, sur le terrain sablonneux, et que l’on remonte vers l’E., on passe subitement sur un terrain calcaire. Comme il est cultivé ou couvert de débris, on n’aperçoit pas de couches distinctes ; mais en avançant encore un peu on rencontre de nouveau le sable que l’on avait quitté. Cette différence est frappante, et en occasione même une dans les arbres qui croissent sur ces terrains, car sur tout le Liban on remarque que les pins à pignons doux ne croissent que là où il y a du sable, tandis que les chênes croissent sur le calcaire. Or la même différence se revoit dans les lieux en question. Au-dessus du terrain sablonneux, au Sannine comme à Antoura, on trouve du calcaire jaune devenant de plus en plus siliceux. La couche n° 15 des environs d’Antoura me semble être la même que celle du n° 11 au Sannine. Je manque, comme on l’a vu, d’observations pour continuer le rapprochement plus haut, mais toutefois je le regarde comme certain, et l’on verra par la suite de mes observations qu’il a été vérifié autant qu’il pouvait l’être.

Je ferai observer ici que le calcaire sous-jacent aux grès, d’abord fortement incliné de l’E. À l’O. suivant le système général du versant occidental, devient peu à peu horizontal ; il l’est à peu près à Raifoun. Dans la vallée où coule le Nahr el Salib, on voit au milieu de beaucoup de bouleversemens, qu’il est généralement horizontal ; mais à l’E. de ce fleuve, il tend à prendre une inclinaison contraire, qui se décide lorsque ce terrain s’enfonce sous le grès situé au pied du Sannine ; au reste, dans tout l’espace où ce terrain est à découvert, on voit un désordre considérable, et il n’y a pas, je crois, deux montagnes séparées dans lesquelles les couches se répondent exactement, soit pour le niveau, soit pour la direction.

Quant au terrain sablonneux supérieur au calcaire précédent, on en trouve ça et là des lambeaux sur le calcaire qui est au jour entre ses deux extrémités rompues. Tel est celui qui se remarque au village de Mazra sur la crête orientale de la vallée de Nahr el Salib. Le terrain sablonneux y est extrêmement ferrugineux, et on y a même exploité des minerais de fer, comme dans d’autres endroits du Liban situés dans le même terrain. Dans cette localité-ci, on voit sur le penchant d’une colline à sommet sablonneux, du porphyre pyroxénique divisé en boules irrégulières enchâssées dans une espèce de wacke, traversées par des veines de chaux carbonatée[1] ; dans d’autres endroits on voit des lits réguliers d’une marne endurcie, grisâtre, assez solide, séparée par des couches de l’argile ferrugineuse brunâtre qui se délite en feuillets minces et en petits fragmens. Je n’ai pu faire que peu d’observations sur ce dépôt, qui est certainement en rapport avec les sables du Sannine, et qui se retrouve dans d’autres endroits avec les mêmes caractères. Du reste, le trap est une roche très rare dans le pays que j’ai parcouru, et j’ai trouvé aussi en blocs de l’amygdaloïde.

  1. C’est sur les échantillons envoyés à la Société géologique par M. Botta, que M. A. Boué a reconnu la composition pyroxénique de ces boules.