Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/168

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Un autre lambeau du terrain de grès, encore plus isolé que le précédent, se trouve au sommet de la colline qui domine Raifoun. On y trouve la même argile ferrugineuse qu’au Mazra, mais au-dessous de cette roche (autant que j’ai pu le voir) se trouve la couche calcaire qui contient les nombreuses coquilles que j’ai indiquées dans cette localité. C’est une couche qui paraît argileuse, et qui, dans quelques points, a très peu de consistance. Elle contient une foule de coquilles et de madrépores. J’ai des doutes sur sa vraie position ; mais je suis porté à croire qu’elle n’est qu’une modification du calcaire sous-jacent au grès ; ce qui me paraît d’autant plus probable que celui-ci contient lui-même des traces de madrépores ; peut-être répond-elle à la couche 11, avant la grotte du Chien. Partout où l’on trouve du sable, on trouve aussi des traces de cette couche, sans que j’aie jamais pu m’assurer de sa position réelle : cependant les nombreux débris organiques qu’il contient peuvent servir à établir l’âge de ce dépôt ; or ces fossiles offrent des espèces jurassiques, savoir : des térébratules lisses et plissées, des huîtres plissées, des pholadomies, des pinnigènes, de grosses bucardes, des nérinées, des strombes, de grosses et petites natices, de petits et grands turbots, des astrées et d’autres polypiers.

J’ai dit que le terrain sablonneux contenait des traces de lignites. Il y a une localité, à environ trois heures de distance dans le N.-E. de Raifoun, où ils sont assez abondans pour avoir été l’objet d’une exploitation ; on dit même qu’on en a transporté en Égypte, où ils ont servi pour les bateaux à vapeur du pacha. Ce gîte de lignites est situé sur le penchant occidental d’une montagne très haute qui tient à la base du Sannine. De là on aperçoit les ruines de Facra, et l’on voit la couche dans laquelle elles sont bâties se prolonger de montagnes en montagnes jusqu’au-dessus de l’endroit où sont les lignites. De cette couche même est tombé un éboulement considérable qui a recouvert en partie le gîte de ce combustible. Celui-ci paraît peu considérable. Ce sont des lits minces feuilletés, d’une matière noire légère (une variété de Dussodile) qui brûle, assez bien en répandant la même odeur que notre charbon de terre. Des morceaux plus compactes et plus lourds ont l’apparence et la texture de troncs à demi carbonisés ; ils contiennent des veines et des nids ou boules de pyrites. Ce gîte de lignites est situé dans les couches sablonneuses les plus supérieures, peut-être même dans les dernières couches de calcaire jaune ; mais dans le bas de la vallée, et par conséquent dans la partie inférieure du terrain sablonneux, il paraît y en avoir d’autres : je ne m’en suis pas assuré. Pour arriver à cet endroit, on marche long-temps sur le terrain sablonneux, et l’on a occasion de remarquer toutes les variétés de roches qu’il présente ; d’espace en espace, on retrouve les mêmes gîtes ferrugineux qu’au Mazra. On peut aussi observer quel grand bouleversement a eu lieu dans cette partie de la montagne : différences dans les niveaux, dans les directions, les inclinaisons, etc., tout se rencontre dans cette localité. Au milieu du désordre on voit cependant bien la superposition