Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/174

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dans d’autres, assez semblables à celui de l’embouchure de Nahr el Kelb, mais ne contenant pas de silex. Je crois que c’est le plus superficiel de tous les terrains que j’ai eu l’occasion de voir dans le Liban ; quoique ce ne soit pas le résultat d’une observation immédiate, cela doit être à cause de la direction générale de la route et de celle des couches.

De temps en temps, le long de la côte, on rencontre des masses de poudingues irrégulièrement placées. J’ai vu aussi deux ou trois cavernes, dans l’une desquelles j’ai trouvé des ossemens enveloppés par un ciment rougeâtre, ferrugineux, assez tendre. La masse du ciment est très peu considérable et irrégulière ; les échantillons ont été pris à une hauteur d’environ 4 pieds au-dessous du sol. Dans d’autres points le ciment est recouvert par plusieurs couches de stalactites.

En résumé, depuis Antoura jusqu’à Tripoli, on voit : 1° en recouvrement les unes sur les autres, des couches de calcaire argileux, alternant avec du calcaire à silex ; 2° le terrain qui forme les parties supérieures du Sannine ; 3° un nouveau terrain marneux sans silex ; 4" de nouveaux bancs de calcaire compacte ou fragmentaire ne contenant pas non plus de silex. En jetant un coup d’œil sur la fig. 5, pl. XII, on verra comment je comprends cette succession.

Le n° 4 est le calcaire à silex de Nahr Ibrahim, alternant avec le calcaire blanc argileux de la pointe N. de la baie de Djouni. Le n° 5 est le terrain qui forme le sommet du Sannine. Le n° 6, le calcaire fragmentaire de Djibail. Le n° 7, calcaire blanc argileux que l’on traverse pour arriver à la mer ; le n° 8, banc de calcaire sans silex, sur lequel est bâti Tripoli.

Toutes les couches énumérées dans leur ordre de plus grande ancienneté sont généralement dirigées du N.-N.-E. au S.-S.-O. en coupant sous un angle très aigu la direction de la montagne ; leur inclinaison est toujours très forte, et généralement comme le penchant de la chaîne.


Le mont Liban proprement dit[1].

De Tripoli, jusqu’au pied de la montagne, on traverse une plaine et quelques collines peu élevées dont le sol est formé du même calcaire sur lequel est bâtie la ville. Dans quelques endroits les assises ont une épaisseur considérable, la stratification est ou horizontale ou légèrement inclinée de l’E.-S.-E à l’O.-N.-O. Elle est peu apparente ; mais à l’endroit même où commence la montée du Liban, on voit paraître subitement des couches presque verticales de calcaire fragmentaire superposé à un calcaire blanc argileux, que tout me porte à croire le même que l’on traverse pour arriver à la mer, en descendant de Hakel. Au-dessous de celui-ci on retrouve de nombreuses couches de calcaire, tantôt fragmentaire, tantôt compacte, à stratification entièrement bouleversée, en sorte qu’il m’a été impossible de prendre une suite d’échantillons ; j’aurais risqué de me tromper dans l’ordre et

  1. Voir le plan fig. 5 et la coupe fig. 4, pl. XII.