Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/234

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plans, et quel que puisse être l’angle sous lequel ces plans s’enfoncent dans le contre-fort, cette disposition n’est guère conciliable avec une hypothèse de soulèvement central. Si une matière pâteuse autre que les phonolites était l’instrument caché de ce soulèvement, la surface des couches serait convexe ; si des gaz avaient d’abord soulevé, puis, en se dégageant, abandonné les tufs à leur poids, ces surfaces seraient concaves, et, dans ces deux cas, les lignes de séparation des assises dans le plan vertical seraient des courbes ou des lignes brisées, et non des lignes droites.

Ainsi, au centre du cratère, au point qui devrait présenter la plus vive empreinte du phénomène dont on suppose que ces montagnes ont été le théâtre, rien ne le prouve, tout s’accorde à le nier.

Jusqu’ici je n’ai envisagé les faits que sous le rapport de la géométrie des formes et des positions. La nature et l’âge des roches méritent un examen non moins attentif ; c’est le point de vue géologique et chimique de la question.

Quand la tourmente volcanique, née au sein de la terre, eut trouvé une issue à travers la croûte tertiaire ou granitique, d’immenses quantités de boues et de graviers vinrent s’entasser sur le sol. Peut-être ces premiers épanchemens eurent-ils lieu par des fractures longitudinales ou courbes qui finirent par s’engorger. Quoi qu’il en soit, l’action volcanique se régularisa, prit un centre, et se forma un cratère d’où s’épanchèrent sur les bords des laves trachytiques. Ces laves ne furent ni abondantes, ni très fluides. L’aspect âpre, raboteux, et peu cristallin des trachytes explique assez pourquoi leurs coulées ne s’étendirent pas au loin. Les fragmens brisés de ces laves refroidies, empâtées par des graviers, et par un ciment lavique, donnèrent naissance à de grands amas de conglomérats poudingiformes. De ces trois roches est composé tout le terrain trachytique formé directement. Ce qui conduit à adopter cet ordre de formation, c’est que dans le cratère actuel les tufs occupent presque exclusivement les parties inférieures des escarpemens, et que les conglomérats sont plutôt accumulés dans les parties supérieures. Ils forment même une grande partie des crêtes. J’ai cru aussi remarquer que les assises trachytiques étaient plus nombreuses et plus rapprochées auprès des bords du cratère ; du moins est-il certain qu’ils se montrent en masses épaisses dans les Puys qui s’élèvent au-dessus de ces crêtes. Ces masses du Mary, de Peyrearse, de Bataillouse, sont coupées à pic sur toutes leurs faces ; de sorte que, d’après leur structure et leur position isolée, des géologues les ont considérées comme des dykes analogues au dyke du Capucin dans la vallée des Bains au Mont-Dore. De solides raisons peuvent être apportées à l’appui de cette opinion. Si l’on examine les points où l’existence de cheminées volcaniques ne peut être mise en doute, tels que le Plomb du Cantal et le Puy du Griou, on voit que les murailles de ces cheminées sont criblées de filons, ce qui s’explique naturellement par le remplissage des crevasses produites par les explosions gazeuses. Or, les flancs des montagnes à dykes sont également sillonnés de filons.