Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/235

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À Peyrearse, filon de phonolite, et près de la crête plusieurs filons de trachyte, parmi lesquels j’en ai observé un divisé en pavés de diverses dimensions ; au Mary, filons de trachyte, de phonolite et de basalte. On est donc fondé à supposer ces Puys traversés par des cheminées par lesquelles se seraient élevées ces masses de trachyte. Ainsi s’expliquerait la présence des trachytes rouges et gris, étrangers aux assises inférieures, à des niveaux très différens sur la plupart des sommités, sans qu’il soit nécessaire de les considérer comme ayant fait partie d’une vaste calotte brisée par une nouvelle explosion de la volcanicité. D’ailleurs plusieurs de ces trachytes, disposés en bandes étroites sur les crêtes, ont toute l’apparence de coulées. On objectera sans doute qu’il est difficile de concevoir le percement de ces cheminées aussi près des bords très élevés du cratère, sans que ces bords se soient écroulés. Mais alors qu’on n’admet plus de cratère de soulèvement, on peut croire, sans faire violence à aucun fait, qu’à l’époque où sortirent ces dykes, le cratère n’était pas profondément évidé comme il l’est aujourd’hui ; les vallées intérieures n’existaient pas, et depuis le centre jusqu’à la circonférence s’étendaient des masses compactes et solides de déjections volcaniques. Le contrefort diamétral qui porte le Griou offre un témoignage direct en faveur de cette conjecture. En effet, tandis que de part et d’autre de grands lambeaux de terrain volcanique étaient successivement emportés, peut-être par la débâcle de lacs intérieurs, seul il a survécu ; et, malgré des altérations, il indique encore la courbure de l’ancien cratère qui devait en grand ressembler, comme certains cratères de la chaîne des Puys, à une coupe évasée. Les coulées qui, dans le dessin (fig. 2), paraissent descendre des bords du cratère vers le centre, seraient donc parties d’une de ces cheminées, peut-être de Bataillouse. Quant à l’inclinaison des assises de ces sommités, on conçoit que, sortant à l’origine des pentes du cratère, elles aient pris l’inclinaison de ces pentes. Au reste, les éruptions excentriques, si elles ne sont pas complètement démontrées pour les bords du cratère actuel, ne peuvent être mises en doute pour des points plus éloignés. On en voit fort loin à l’est et au sud, d’après les renseignemens que m’a communiqués M. Bouillet ; ce qui m’a fait provoquer ces renseignemens, c’est d’avoir rencontré une de ces éruptions, clairement indiquée au rocher de Bonnevie, près Murat, miniature fidèle de quelques uns des phénomènes volcaniques dont on peut dire que le Cantal offre le portrait en pied.

J’ai peu de chose à dire des filons d’obsidienne ou de retinite (je ne sais lequel des deux) qui se montrent sur deux ou trois points du Cantal. Ils sont difficiles à classer. J’ai trouvé de l’obsidienne noire dans le trachyte du nouveau Buron des Gardes, gisement intéressant par les grands cristaux de feldspath nacré, épars dans la pâte feldspathique, et par les pyrites qui tapissent de nombreuses vacuoles. M. de Humboldt cite des trachytes avec obsidienne aux Cordillères. Si le fait que je crois avoir reconnu est bien constaté, les obsidiennes devront être comprises dans la fin de la période trachytique, peut-être dans l’époque des dykes.