Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/287

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soigneusement. C’est se refuser à l’évidence et contredire les géologues les plus renommés.

De tous les produits trachytiques, il n’y a que les ponces bien caractérisées qu’on ne retrouve pas dans les dépôts porphyriques secondaires. Or, on devrait déjà être bien étonné d’y voir aussi des roches vitreuses, des rétinites et des perlites compactes (Arran, Trebischthal), mais, de plus, les ponces pourraient bien être représentées dans ces anciens produits de volcans, en grande partie sous-marins, par certaines roches tripoliennes liées aux grès. Il est tout naturel que des dépôts ignés sous-marins soient plus compactes, moins boursouflés, moins souvent vitreux et accompagnés d’une moindre quantité de débris, moins bien agrégés que les dépôts ignés ayant eu lieu sur la terre-ferme ou près de la surface des eaux.

En outre, personne n’a trouvé exacte l’observation que le porphyre prenait près des trachytes un aspect particulier, par suite d’une modification supposée tout-à-fait gratuitement par quelques géologues, ou que ses cristaux de feldspath étaient devenus vitreux et fendillés. M. Beudant, en reconnaissant la nullité des caractères précédens pour la distinction des deux dépôts, voudrait cependant établir que, « le terrain de trachyte forme des masses considérables, indépendantes des formations d’une autre nature, tandis que les porphyres secondaires sont en couches ou en amas, liés intimement avec la formation des grès. » (Vol. III, p. 542).

M. Beudant est encore dans l’erreur sur ce point ; car il y a beaucoup d’exemples de grandes masses porphyriques tout aussi indépendantes du terrain arénacé ou primaire que le trachyte. La montagne de l’Esterelle, les porphyres du Forez, de l’Erzgebirge, de l’Écosse, etc., en sont des exemples. D’ailleurs le trachyte se trouve aussi bien lié au sol tertiaire, soit par ses filons, soit par ses agglomérats, que le porphyre l’est aux grès secondaires ; témoin le Mont-Dore, les environs de Cilly, en Styrie, et certains points de la Hongrie, décrits même par M. Beudant.

Après avoir ainsi montré l’insuffisance des distinctions établies par M. Beudant, il faut conclure, avec MM. de Humboldt et Burkardt, que toute démarcation mathématique entre les deux genres de dépôts est impossible ou incertaine quand ils sont l’un à côté de l’autre, et qu’il s’établit, même dans ce cas, des passages minéralogiques du porphyre au trachyte, comme, par exemple, près de Schemnitz. C’est, en un mot, la même difficulté qu’offre la séparation de courans de laves, de divers âges, et entassés les uns sur les autres.

Enfin, aucun caractère minéralogique de valeur ne distingue même leurs roches ; leurs variétés extrêmes contrastent seules ; aussi doit-on se hâter de lever ainsi les doutes sans cesse renaissans des géologues et des mineurs hongrois, qui, le livre de M. Beudant à la main, ne savent comment appliquer ses principes classificateurs.

Suivant M. Lill et moi, il n’y aurait de trachyte véritable en Transylvanie que