Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sommaire. Pour faciliter aux personnes qui visiteront après nous les curieuses localités que nous avons à décrire, nous prendrons Narbonne pour point de départ, et nous ferons remarquer qu’un voyageur à cheval peut facilement les parcourir dans un ou deux jours.


Lambert.

Au midi de Narbonne, à la hauteur de Prat de Cest, à côté de la grande route de Perpignan, deux petits ravins sont ouverts dans des collines peu élevées de calcaire secondaire. Celui qui est situé le plus au sud offre des roches fort singulières. Ce sont en général des argiles grises, schisteuses, non effervescentes, des marnes jaunâtres contournées dans tous les sens, et traversées par des veines spathiques qui se coupent très souvent à angle droit. Ces veines résistant beaucoup mieux aux agens atmosphériques que les marnes qu’elles traversent, forment un relief fort bizarre et semblable à un grand réseau. En continuant de gravir le ravin, on observe à l’extrémité une coulée de roches volcaniques rougeâtres, toutes parsemées de petites boules de différente nature. Ces roches se décomposent avec une facilité extrême. Il paraît que c’est à leur présence que l’on doit attribuer les altérations que présentent les marnes de ce ravin, car la forte chaleur qu’elles ont dû éprouver a modifié leur composition chimique, et les a gercées dans tous les sens.

Le deuxième ravin, qui est plus rapproché de la ville, est beaucoup plus intéressant ; il offre sur un très grand développement les roches ignées et le gypse mêlés et confondus de toutes les manières. Les roches ignées offrent plusieurs variétés qui se nuancent les unes avec les autres. Elles renferment en général de petites boules d’oxide de fer, des rognons de quarz cristallisé et plusieurs autres minéraux disséminés. Le gypse est à couches flexueuses, bariolées de mille couleurs, depuis le rouge le plus vif jusqu’au noir le plus intense. On y observe, comme dans tous les gypses de cette époque, des cristaux de quarz prismé bipyramidal : la variété qui est exploitée à l’extrémité du ravin est d’un beau blanc azuré, extrêmement compacte, et offre les variétés de gypse micacé saccharoïde et spathique. Bien que le calcaire d’eau douce tertiaire soit très peu éloigné des deux ravins que nous venons de décrire, il est très difficile de voir le rapport de cette formation avec les roches ignées, parce que la végétation et les éboulemens de terre végétale empêchent de voir le point de contact ; là, comme partout ailleurs, ces roches sont entourées et recouvertes par le calcaire secondaire. Si, comme tout me porte à le croire, les gypses doivent leur origine à l’existence des sources thermales chargées d’acide sulfurique, ne se pourrait-il pas que les commotions qui ont dù accompagner les déjections de laves eussent ébranlé et crevassé le sol sous-lacustre du bassin tertiaire qui n’était éloigné que de quelques pas seulement, et que les crevasses une fois formées, eussent donné issue à des sources