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verdâtre, semblable à une couche de vernis que l’on aurait placée sur la roche. Ce phénomène s’observe très bien en suivant le ravin qui conduit à la fontaine. À quelques pas de ce ravin, en se dirigeant vers Pechredon, le gypse et les amas de roches ignées renferment quelques cristaux de fer oligiste.

Cet ensemble de dépôts est resserré entre deux sommités calcaires, dont l’une, plus voisine des étangs et confusément stratifiée, recouvre d’une manière évidente les roches volcaniques, l’autre se lie et adhère à la masse des Corbières. Les couches sont inclinées d’environ 45° vers le N.-E. On l’appelle Roc du Chevrier.

Le calcaire qui circonscrit et domine le dépôt gypseux est généralement marneux, traversé par de petites veines spathiques, et se décompose en marnes rougeâtres. Les fossiles y sont très rares, cependant nous y avons observé des fragmens de madrépores, l’orbitolites concava, et le genre podopsis.

Les coupes jointes à cette description feront parfaitement saisir la disposition relative de ces deux espèces de dépôts. (Pl. V.)

En suivant le petit vallon de Sainte-Eugénie, on a toujours à droite les roches calcaires, et l’on traverse pendant assez long-temps le gypse et les roches ignées. On arrive ensuite à un terrain qui paraît formé alternativement par des grès et des calcaires ; mais il est bien difficile de saisir le rapport que ces roches ont entre elles ; il est probable cependant qu’elles alternent et qu’elles passent insensiblement de l’une à l’autre.

La végétation est en général beaucoup plus belle sur le grès que sur le calcaire. Ce sont ordinairement des lavandes, des genevriers, des systes, des lentisques et des camelées qui composent la flore de ces montagnes, les forêts de pins se trouvent aussi dans la région des grès.

Il existe un autre dépôt de gypse et de roches ignées à la Quille. Dans cette localité le gypse est très riche en cristaux de quarz ; on y rencontre une foule de belles variétés de cette roche ; quelquefois même le quarz y est si commun, qu’il forme une véritable brèche. Nous devons ici faire remarquer que, bien loin que les couches calcaires qui entourent les foyers volcaniques soient brisées et inclinées dans un sens opposé à la force qui a poussé les roches ignées, elles ont au contraire très souvent une direction et une inclinaison tout-à-fait opposées ; ce qui prouve évidemment qu’avant l’apparition des roches ignées, le calcaire secondaire avait déjà été disloqué, et que leur éruption n’a fait qu’augmenter le désordre que l’on remarque dans les couches calcaires. En se dirigeant de la Quille vers Frayssinelle, on trouve encore un autre dépôt de gypse complètement séparé de celui que nous venons de décrire par de puissantes couches calcaires ; celui-ci offre absolument les mêmes circonstances que celui de la Quille, aussi nous n’insisterons pas davantage sur sa description.