Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/115

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Charles VII, ami et frère d’armes de La Hire, appartenant alors, par une suite de nobles héritages, au Député de Nérac, M. le marquis de Lusignan.

C’est là que, suivant une légende malheureusement plus vraie que celle de Fleurette, un petit-fils du Maréchal, dont le portrait, au profil dur, se voit, dans cette résidence historique, à côté de ceux de toute son illustre lignée, aurait fait enfermer vivante et murer, dans un caveau, sa femme infidèle : Mathilde de Sabran. En effet, une fois que, passant par le bourg de Xaintrailles, en tournée de service, je fis étape au château, pour saluer la marquise de Lusignan, née de Château-Renard, personne aussi réservée que polie, — type complet de la Grande Dame d’autrefois, — qui vivait seule (car elle n’avait pas de famille) en cette antique et solennelle demeure, quand le Marquis était à Paris, je la trouvai tout émue, contrairement à son habitude. En reposant les dalles de la cour intérieure sise au premier étage du château, derrière le grand vestibule ouvert, où l’on montait par un perron double en fer à cheval, comme à Fontainebleau, des ouvriers venaient de mettre à jour un petit escalier descendant à l’entrée d’une sorte de cachot, sous le donjon, dans lequel se trouvaient les ossements d’un corps humain ; un crâne encore garni de quelques cheveux, et des lambeaux d’étoffe tramée d’or et d’argent. J’ai vu, de mes yeux, l’escalier, le caveau et les restes de la personne murée dans cette oubliette, que la Marquise fit inhumer pieusement en terre sainte.

La famille de Sabran-Pontevès est originaire des environs de Brignolles, en Provence ; mais, une de ses