Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/121

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se jeter dans la Garonne, au delà de Bouglon, presque en face de Marmande même, à Gaujac.

Une autre petite rivière, le Ciron, qui prend sa source à Lubbon (Landes), entre aussitôt dans le canton de Houeillès ; fournit des chutes d’eau motrices à deux petits moulins de lande, dont le premier dépend de la propriété que je possède en ce pays peu connu ; passe dans le département de la Gironde ; traverse l’arrondissement de Bazas, et, après Villandraut, se jette aussi dans la Garonne, à Barsac, aux confins des arrondissements de Bazas et de Bordeaux.

Au delà du Ciron, dans la dernière commune de Lot-et-Garonne, de ce côté, — Allons, — on voit la Tour-Neuve et Capchicot, deux anciens domaines relevant du duché d’Albret, comme toutes les landes du pays. Henri IV s’y reposait, quand il venait chasser le lièvre, et aussi, dit-on, les bergères, dans cette contrée, fort éloignée de Nérac. Si l’on en juge par les bergères de nos jours, le futur amant de Corisandre d’Andouins, de Gabrielle d’Estrées et de la marquise de Verneuil, Henriette d’Effiat, avait, dans sa jeunesse, des goûts moins raffinés que dans son âge mûr.

Une tradition du pays le démontrerait surabondamment.

Un jour, revenant de Capchicot, pour rentrer à Nérac, le Roi vit, sur la lande de Durance, petit bourg qui garde encore des vestiges de fortifications, une « pastoure » à l’œil vif et à la tournure accorte. Il fit signe à l’un de ses affidés, et puis continua sa route vers Barbaste, laissant Durance sur sa droite. Le lendemain, lorsque la pastoure, baignée, savonnée, décrassée, peignée, pommadée, parfumée et revêtue de