Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/122

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riches atours, lui fut amenée, le Roi demanda quelle était cette jeune fille, et quand on lui répondit : « c’est celle que Votre Majesté a daigné remarquer hier, sur la lande : » — « Les malheureux ! » s’écria-t-il, en levant les bras, « ils me l’ont gâtée ! »

J’ai dit que la meunerie était la principale industrie de l’arrondissement de Nérac. On y voyait, en grand nombre, des moulins très considérables, dotés des procédés de mouture et de bluterie les plus perfectionnés. J’y fus initié aux mystères de la fabrication du minot, sorte de farine-fleur, expédiée en barils aux colonies, et j’appris à distinguer le gros blé, des fins ; les blés durs, des tendres ; le gluten, des gruaux blancs et gris, et les farines de diverses qualités, de la repasse ; sans parler des sons, plus ou moins travaillés. Cela me servit, bien des années après, quand il s’agit de monter une meunerie à la boulangerie des hospices de Paris.

Le liège procure du travail à beaucoup de petits ateliers. Celui des environs de Nérac a des qualités de finesse et d’élasticité qui le font préférer, pour la fabrication des bouchons, aux lièges de Catalogne, de Sicile et d’ailleurs.

On distille la résine sur plusieurs points, notamment, à Casteljaloux.

Une grande partie des vins de l’arrondissement se transforme en eaux-de-vie, classées, dans le commerce, au même titre que celles du bas Armagnac.

L’élève du bétail est générale. On recherche, à Bordeaux, pour le charriage des fardeaux pesants, les bœufs, très forts, de la plaine de la Garonne. Néanmoins, la grande culture ne se pratique nulle part.