Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/153

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dans la fin du printemps de 1838, à l’aller et au retour d’un voyage au Mans et à Paris.

Mais, cette fois, un pasteur de Clairac, M. Emmanuel Frossard, très ami de la famille, s’avisa de savoir ce qu’on y pouvait bien penser à mon sujet. Or, voici le résultat fort inattendu, très heureux, de sa curiosité : la résolution attribuée à Mlle de Laharpe, de ne pas se marier, n’avait point un caractère tellement absolu qu’elle ne pût en changer, et, si je me mettais sur les rangs, je serais, selon toute apparence, plus favorablement traité qu’aucun des prétendants jusqu’alors découragés par elle.

Avant tout, je pris conseil de mes parents, et, leur agrément assuré, j’écrivis à Genève, où M. Henri de Laharpe remplaçait un professeur d’Hébreu, que l’École de Théologie avait perdu.

Déjà prévenu sans doute, mon ami, dans une réponse très affectueuse, m’annonça l’intention de retenir sans retard sa place à la diligence, pour venir signer au contrat. « Le mariage, disait-il, est une de ces choses qu’il faut faire, comme qui se brûle la cervelle, dès qu’on s’y décide ». Ce partisan du célibat finit cependant par y renoncer, quelque dix ans plus tard.

M’inspirant de son aphorisme, je partis pour Bordeaux avec mon complice, le pasteur Frossard, et, le 4 septembre, dans la maison de campagne habitée par la famille, aux portes de la ville, — au Bouscat, — je fis ma demande, qu’on attendait certainement, et qui fut agréée, d’abord, par M. et Mme de Laharpe, avec une confiance expansive ; puis, par Mlle Octavie, sans hésitation, sans embarras, de la manière la plus simple et la plus charmante. Évidemment, elle connaissait