Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/157

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élections, qui rendirent le dessus à l’opinion conservatrice. Alors, je fis nommer Maire de Nérac un vieux négociant en farines, retiré des affaires après fortune faite, et justement considéré : M. Mauvezin, catholique ; avec un premier adjoint protestant : M. Detrois, riche propriétaire ; et un second adjoint catholique : M. Larroze, notaire. Plus tard, M. Detrois remplaça, comme Maire, M. Mauvezin, fatigué par l’âge et le travail.

Dans les autres communes de l’arrondissement, jamais de sérieuses difficultés.

Depuis la mise à exécution de la loi du 22 juin 1833, sur l’élection des conseils généraux et des conseils d’arrondissement, les sept cantons choisissaient, à de grandes majorités, les candidats qui possédaient mes préférences.

Quant aux élections politiques, M. le marquis de Lusignan n’eut jamais de concurrent sérieux. Nous nous trouvions sous le régime des électeurs censitaires à 200 francs. Le parti légitimiste groupait, à grand’peine, 80 voix sur le nom du baron de Batz de Trenquelléon ; l’Opposition de Gauche pouvait disposer de 100 à 120 ; les conservateurs en apportaient au scrutin de 300 à 350.

Quand survint inopinément la vacance du siège du Marquis, à la Chambre des Députés, M. le comte Duchâtel dirigeait le Ministère de l’Intérieur, dans le Cabinet du 12 mai 1839, dit : « de transaction », présidé par le Maréchal Soult. Après une combinaison éphémère, ce Cabinet avait remplacé le Ministère du comte Molé, renversé par la coalition Guizot-Thiers.

M. Duchâtel me demanda lui-même, directement, un rapport confidentiel sur les candidats possibles et leurs chances respectives.