Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/166

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sibles les renforts en hommes, chevaux, armes, munitions, etc., que le comité carliste de Toulouse fournissait à ce chef, précisément par les nombreux « ports », difficiles à surveiller, faisant brèche à la chaîne des Pyrénées, au-dessus de Saint-Girons.

— « N’est-ce pas pour me dorer une pilule amère que vous voulez bien me dire toutes ces choses ? » demandai-je à mes interlocuteurs. — « Non, » me fut-il répondu : « c’est uniquement afin que vous voyiez notre nouveau Ministre en pleine connaissance de cause. « Vous obtiendrez, sans difficulté, nous le pensons, de lui faire donner ostensiblement, à votre envoi dans l’Ariège, le caractère de mission temporaire, qu’il avait dans la pensée de son prédécesseur, comme nous pouvons l’attester. Il consentira, de plus, à vous promettre Libourne, s’il est vacant à votre retour. Dans ces termes, nous pourrons formuler une réponse à votre lettre, où, sans relever ce qu’elle contient de personnel pour l’ancien Ministre, nous expliquerons l’acte contresigné par ce dernier, de manière à vous donner toute satisfaction. »

Comme on peut le croire, je remerciai cordialement ces Messieurs de leurs bons conseils, et de l’aide précieux dont ils me donnaient l’assurance.

M. de Maleville me reçut à merveille. Mais, c’était un ardent adversaire de M. Duchâtel ; il voulait donc, à toute force, avoir ses lettres confidentielles, relatives à l’élection de Nérac. Je lui répondis qu’à ma place, si maltraité qu’il pût se trouver de la part d’un Ministre, il ne se croirait pas autorisé, pour se venger, à trahir le secret d’instructions concernant une affaire de service.