Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/17

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j’étais ; de ce que j’avais fait avant d’entrer à l’Hôtel de Ville ; du singulier concours de circonstances qui m’y fit arriver malgré moi, — ce qu’on trouvera sans doute étrange, — la plupart de ceux qui feuilleteront ces souvenirs, n’auront probablement pas grand souci.

Quelques-uns, néanmoins, se demanderont peut-être comment je me suis trouvé prêt, juste à point, dans une tout autre voie, pour m’acquitter, à l’improviste, de l’ardue mission qui me fut soudainement imposée alors, et aussi, pourquoi l’Empereur fit venir, du fond de la France, pour l’en charger, un Préfet de carrière, qui ne songeait à rien de tel, et dont toute l’ambition se bornait à compléter ses états de service dans le poste élevé, déjà bien assez important, où l’avait porté naguère une succession d’événements favorables à sa fortune hiérarchique.

C’est pour fournir, d’avance, réponse à ces questions, et pour épargner ainsi la peine de les résoudre, aux lecteurs habitués à chercher les causes efficientes de ce qui les occupe ou fixe leur attention, que je me suis décidé, sur l’insistance de quelques amis, à faire précéder l’exposé des actes de mon édilité, par une sorte d’historique de ma vie antérieure. Ceux à qui certains de ces premiers chapitres paraîtront faire longueur, en seront quittes pour les passer.

Dois-je, en commençant, parler de ma famille ? Oui certes, vous le devez, me dit-on : le milieu dans lequel chacun de nous est né ; l’éducation qu’il y reçoit ; les sentiments, les idées, les opinions qu’il y partage, influent, tout au moins, sur ses débuts dans la vie. Je me rends à cette considération, dont je reconnais la justesse.