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Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/18

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Donc, je descends d’une famille protestante, originaire de l’ancien électorat de Cologne, du pays de nos ancêtres, les Francs, qu’elle dut quitter, à une époque déjà fort reculée, pour fuir la persécution religieuse et chercher un abri, d’abord, dans la Saxe électorale, où ses chefs séjournèrent longtemps ; puis, en Alsace, où les attirèrent, voilà deux siècles environ, les franchises religieuses garanties à cette province lors de sa réunion à la France, dans les premiers temps du règne de Louis XIV.

Des notices, rédigées par un des miens, plus curieux que les autres à ce sujet, d’après des renseignements puisés dans de vieilles chroniques allemandes et dans les archives de quelques villes des provinces rhénanes, donnent certains détails fort oubliés, sur cette grande famille des Haussmänner, assez nombreuse, avant sa dispersion, pour former comme une tribu ; sur ses alliances, et sur les positions occupées par plusieurs de ses membres. Mais ce document ne saurait intéresser que mes parents et moi-même. Or, de notre passé, nous voulons retenir une seule chose : c’est que nous sommes Français depuis six générations avant la mienne, et que toutes ont fourni des serviteurs, plus ou moins obscurs, mais également dévoués, au noble pays finalement élu, comme patrie d adoption, par nos aïeux.

Malgré son origine germanique, c’est donc un nom bien et dûment baptisé français que le mien. Il me suffisait, et je n’en ai jamais ambitionné d’autre. J’ai pris le titre modeste, dont je le fais précéder, maintenant, à partir de mon élévation au Sénat, qui tenait à ces choses, et ne manqua pas une occasion de m’attribuer la qualification m’appartenant, selon mon dossier. Inutile d’ajouter