Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ma femme et ma petite fille surabondamment recommandées à mes beaux-parents, je pris la route de Toulouse, où je débarquai de grand matin, le jour dit. M. Louis Borel, un cousin de ma femme, banquier dans cette ville, dont j’avais accepté d’avance l’hospitalité, me reçut à la descente de la malle-poste. Dominique était là. Je lui fis retenir de suite, pour le lendemain, le coupé de la diligence de Foix, et je consacrai ma journée à visiter, en compagnie de mon hôte et de son aimable femme, qui s’appelait Isaure, Toulouse, son Capitole, son Musée, son Château-d’Eau, ses boulevards, son bassin de jonction du canal de Languedoc à la Garorine, etc…

Mon voyage, de Toulouse à Foix, absorba toute la journée suivante, qui fut magnifique. La route, que le chemin de fer suit parallèlement aujourd’hui, franchit la Garonne au-dessus du confluent de l’Ariège, et longe la rive gauche de ce cours d’eau, en laissant, sur la rive droite, les petites villes d’Auterive, patrie du général Clausel, et de Cintegabelle, pour entrer dans le département auquel il a donné son nom, un peu au-dessous de Saverdun, où l’on passe sur le bord opposé, pour ne plus le quitter. On traverse Pamiers, siège d’un Évêché, chef-lieu de Sous-Préfecture, sis au fond d’une sorte d’hémicycle, encaissé curieusement dans la plaine haute qui l’entoure, et ouvert du côté de la rivière. Après Varilles, on entre dans la contrée montagneuse, et la route remonte le cours torrentiel de l’Ariège jusqu’à Foix, dont l’aspect est saisissant, par son caractère étrange et pittoresque.

Cette ville occupe, en effet, entre l’Ariège et le Large, qui s’y réunissent, le pied d’un rocher conique,