Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/172

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sur lequel ses maisons s’étagent de tous côtés, et dont le faîte est couronné par l’ancien château des comtes de Foix, qui servait de prison. La Préfecture, agréablement posée tout en bas, domine le confluent des deux rivières, dont les eaux limpides et bruyantes baignent ses jardins.

Je pris une chambre dans l’hôtel où s’arrêtait la diligence, avant de continuer sa route vers Tarascon-sur-Ariège et Ussat, où se trouve une station d’eaux minérales très fréquentée. Cet hôtel faisait face au pont conduisant en ville. Il était six heures passées. Je me débarrassai de la poussière du voyage ; m’habillai ; dînai ; puis, me fis conduire, vers huit heures et demie, à la Préfecture.

Le Préfet de l’Ariège, M. Petit de Bantel, un vrai Parisien, et du meilleur monde, ayant, dans sa jeunesse, mené la vie à grandes guides, et marié, vers la quarantaine, à une jolie femme, aussi gracieuse qu’élégante, apparentée au Journal des Débats, bénéficiait de l’influence de cette feuille, toute-puissante sous le règne du Roi Louis-Philippe. Il fut, pour moi, d’une courtoisie parfaite.

Je m’extasiais, sans m’en lasser, sur le site charmant de l’hôtel de Préfecture. M. de Bantel convint que cette résidence était, en effet, très enviable pendant la belle saison ; mais l’hiver, à Foix, était fort dur à passer, sous tous les rapports, et il comptait bien ne pas en faire une nouvelle épreuve. Il quitta l’Ariège, en effet, peu de mois après, et M. Pascal vint l’y remplacer.

Le Préfet me donna rendez-vous au lendemain matin, pour ma prestation de serment, et, comme il