Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/182

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semées de tous côtés, dont plusieurs sont l’objet de pèlerinages annuels, suivis de fêtes foraines, dites « romérages », où l’on banquète ; où l’on danse ; où l’on campe même, et le plus souvent, plusieurs jours.

Quoi qu’il en soit, l’arrondissement, surtout dans sa partie montagneuse, ne saurait nourrir toute sa population. Aussi, la plupart des hommes vont-ils chercher du travail ou quelque industrie au dehors ; mais, généralement, avec esprit de retour. Ils rapportent au pays les gains acquis par eux d’une manière ou d’une autre, avarement économisés, en vue des besoins de leurs familles, et, quand ils le peuvent, de l’agrandissement de leurs modestes patrimoines, ce qui, dans certaines vallées, porte le prix du terrain fort au-dessus de sa valeur réelle, tant on l’y convoite ardemment. Pendant ces émigrations périodiques, les femmes ne se contentent pas de garder la maison, de soigner leurs ménages et d’élever leurs enfants. Elles remplacent les hommes absents, dans la culture de la terre, et c’est un sujet d’étonnement, pour l’étranger, que de voir bien plus de femmes que d’hommes, aux travaux des champs.

Les professions auxquelles se vouent certains des indigènes qui vont chercher fortune au loin sont très diverses ; mais, la plus bizarre et la plus productive, dit-on, celle de montreurs d’ours et d’autres animaux dressés, a plus particulièrement les préférences des hommes de la vallée d’Ustou. Ce n’est pas chose facile ni sans danger, que d’aller ravir les oursons à leurs tanières, pour les apprivoiser, les élever et les préparer au rôle de saltimbanques. On disait, en plaisantant, qu’il existait une école communale d’ours dans le bourg d’Ustou ; mais,