Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/216

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suivre l’usage du pays, il buvait « à la régalade » du vin qu’il faisait jaillir, en mince filet, d’une outre tenue à bras tendus, aussi loin que possible, dans sa bouche ouverte. — On peut n’absorber, par ce moyen, paraît-il, qu’une petite quantité de liquide, pendant le temps, assez long, mis à se rafraîchir. C’était un drôle de Curé ; mais, peut-être, au fond, pas plus mauvais qu’un autre. Dans tous les cas, ses allures sans façon ne choquaient pas ses paroissiens, qui l’aimaient beaucoup.

Au retour, près de Castillon, dans la descente au pas d’une côte, la sangle du cheval de ma femme se détacha ; la selle tourna sous le poids de l’écuyère, et celle-ci, dans sa chute, se meurtrit une hanche. On put la remettre en selle et lui faire achever l’excursion charmante, si gaiement accomplie jusque-là. Pendant assez longtemps, elle souffrit de ce choc.

FIN DE MA MISSION.

Entre temps, l’événement que le Ministre attendait avec impatience, la défaite de l’armée carliste de Catalogne, avait eu lieu. J’étais allé jusqu’au port de Salau, avec un demi-bataillon d’Infanterie, pour y recevoir le brigadier Simon Torrès et sa troupe, dont je savais l’arrivée dans la vallée d’Arreu et l’intention de gagner la frontière, pour se réfugier en France. Le reste des débris de l’armée de Cabrera se dirigeait, en même temps, sur les Pyrénées-Orientales.

Les troupes de la Reine, à la poursuite du Brigadier, vinrent l’attaquer dans son campement, et ne cessèrent de harceler ses soldats dans leur fuite vers le port, qu’à la vue des pantalons rouges. Je fis avancer mon déta-