Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de famille avec le Ministre de l’Intérieur du Gouvernement de Juillet, devenu plus odieux que jamais à Toulouse, depuis le concours décisif qu’il venait de prêter à la cause de la Reine d’Espagne contre celle du « vrai Roi », don Carlos. — La position du vicomte Duchâtel dans cette ville s’en ressentait même au point de lui faire désirer d’en sortir. Quant à faire voter les libéraux et les protestants, conservateurs ou non, pour un légitimiste, pour un clérical avéré, même rattaché d’apparence à la Monarchie de 1830, il ne fallait pas y songer. Pour un inconnu, ce serait moins difficile !

Désintéresser le possesseur du siège à la Chambre, pour écarter sa concurrence, ainsi que je l’avais entendu projeter à Paris, était sans doute un moyen, mais, suivant mon avis, un moyen trop peu sûr, de recueillir sa succession. Le nouveau candidat ne pourrait évidemment pas, dans cette hypothèse, hériter de ses électeurs, sans se placer sous le même drapeau ; mais, cela ne conviendrait certes pas au Ministre, qui devait vouloir, avant tout, un triomphe électoral pour la politique du Cabinet dont il faisait partie. Et, s’il se posait en candidat agréable au Gouvernement, ou pour peu qu’il parût tel, il éprouverait de fortes défections dans les rangs de la population catholique, sans faire des recrues équivalentes, à beaucoup près, parmi les électeurs ministériels, assez peu nombreux, ni surtout au milieu des protestants, conservateurs en majorité, mais trop prévenus contre le personnage en question.

À ma place, un autre, plus habile, n’eût peut-être pas expliqué l’état des choses d’une manière si nette. Il se serait contenté de présenter l’entreprise comme très