Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/220

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ardue, mais bien moins inabordable sous sa direction qu’avec le concours de n’importe quel catholique, et il aurait commencé par aller à Paris, avec le vicomte Duchâtel, pour se faire nommer Préfet de l’Ariège, sauf à voir venir ensuite les événements. Mais, je ne pensai même pas un instant à cacher la moindre partie de la vérité, telle que je la voyais, à qui m’avait demandé de le renseigner loyalement.

D’ailleurs, le rôle d’agent électoral me répugna toujours. Bien administrer, en son nom, était le moyen très légitime et le seul efficace, selon moi, de conquérir des suffrages au Gouvernement que je servais.

Je restai donc Gros-Jean, comme devant.

À la vérité, je comptais que cela ne durerait pas trop. Les bonnes dispositions de M. Duchâtel en ma faveur devaient s’accroître, à mon sens, du fait même de la droiture de ma conduite. M. Guizot, Président du Conseil, me voulait beaucoup de bien. Et puis, j’avais les promesses du Prince Royal ! Dans ces conditions, comment supposer que mon stage, comme Préfet, allât se prolonger encore pendant bien des années ?