Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/223

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MON INSTALLATION DANS CE POSTE D’ATTENTE.

Quand M. Sers me félicita de ma résolution, si vite prise, je le remerciai de ses sages et bienveillants conseils donnés si fort à propos, et nous nous trouvâmes en complète sympathie, à partir de ce moment. Il me dit que la Sous-Préfecture de Blaye allait me paraître une bague au doigt. L’arrondissement était petit, médiocrement peuplé ; les habitants, paisibles, faciles à conduire. Si je voulais venir conférer avec lui directement du peu d’affaires sérieuses que j’y pourrais découvrir, il l’aurait toujours pour agréable, et cela me serait très facile et très commode, au moyen du service des bateaux à vapeur du bas de la rivière. De plus, je m’assurerais, par ce moyen, une raison de passer à Bordeaux les jours où je ne croirais pas nécessaire ma présence à Blaye. Il me dit encore qu’il m’autoriserait, toutes les fois que je le lui demanderais, à me rendre à Houeillès, pour y demeurer le temps utile à mes affaires, sauf à me rappeler, s’il avait besoin de moi. Dans sa pensée, il ne me fallait pas quitter Blaye pour Libourne, mais pour la Préfecture qu’on me devait bien, et il entendait me traiter en futur et prochain collègue. On ne pouvait pas être meilleur ni plus gracieux.

En réalité, je trouvai si commode la situation qu’il m’avait faite ainsi, dès le premier jour, et la bonne volonté croissante de M. Duchâtel pour moi semblait me garantir un si prompt avancement, qu’à l’époque où la Sous-Préfecture de Libourne devint enfin vacante et me fut offerte, j’y renonçai. Libourne était à plus de huit lieues de Bordeaux, par une route montueuse,