Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/229

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Dès mon arrivée à Bordeaux, j’allais me montrer au Préfet ; causer un brin avec lui, de politique ou d’affaires. Il voulait m’avoir à dîner une fois, durant chacun de mes voyages, et c’est ainsi que je devins très intime avec tous les siens et les habitués de ses salons.

Quand sa famille résidait à Paris ou à Metz, il me convoquait à de petites dégustations de grands crus, avec MM. Guestier et Wustemberg, Députés de la Gironde, puis, Pairs de France ; M. Duffour-Dubergier, le célèbre Maire de Bordeaux ; M. Scott, consul d’Angleterre ; M. Nathaniel Johnston, beau-frère de MM. Guestier et Scott ; tous, Princes du Commerce de Vin, et M. Biarnès, le premier courtier d’alors ! J’appris là ce qui me permit, plus tard, de faire, de ma cave, la première de Paris, au dire des invités de l’Hôtel de Ville.

Je ne perdais pas mon temps à Bordeaux. J’y fondais de bonnes relations, qui ne me furent pas inutiles à d’autres époques. Je faisais partie de la Société Philornathique de cette ville ; de la Société d’Agriculture de la Gironde ; et je fus, avec le duc Decazes et M. Duffour-Dubergier, un des premiers membres de la Société d’Horticulture de Bordeaux. Les capitaines de nos collègues armateurs se plaisaient à nous rapporter, de loin, pour celle-ci, des plantes tropicales nouvelles, ou pour mieux dire, peu connues des simples amateurs ; notamment, des orchidées, et surtout, ces belles plantes vertes dont j’ai doté les parcs et jardins publics de Paris, avec le concours de MM. Alphand et Barillier-Deschamps, deux Bordelais, tandis qu’à l’Hôtel de Ville, je donnais l’exemple du luxe des fleurs, qui fait aujourd’hui l’objet d’un commerce extrêmement considérable dans cette grande capitale.