Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/238

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sait, à cette occasion : — « Mon bon ami, ne vous contentez jamais de donner un ordre. Voyez, de vos yeux, comment on l’exécute. Il n’y a pas de maison bien tenue sans cela. » Je m’en suis toujours souvenu.

Les domestiques savaient qu’au premier manquement, il les ferait mettre à la porte de chez lui, tandis que son testament assurait une rente à tous ceux qui seraient à son service lors de sa mort. Aussi, quel personnel bien stylé !

M. de Lamoignon était, malgré toute cette raideur, on ne peut plus bienfaisant.

Un jour, il reçut la visite d’une noble Dame, sur la demande de laquelle il avait fait envoyer une vache à je ne sais plus quelle maison de Sœurs élevant des jeunes filles. Elle venait, cette fois, lui dire qu’il faudrait bien un petit pré pour nourrir la vache. Il fit appeler son intendant, et lui donna l’ordre de concéder aux Sœurs la jouissance de tel barrail.

L’année suivante, la même Dame revint lui faire savoir l’accroissement du nombre des enfants admis. — « Je comprends, » reprit-il, « les Bonnes Sœurs ont besoin d’une seconde vache. » — « Hélas ! oui, Monsieur le Marquis. » — « Fort bien ; mais j’y songe : pendant que nous y sommes, et pour vous éviter la peine de revenir encore, il faut sans doute également un second barrail de pré ?… Bien, bien ! je vais le dire à M. David. » — C’était l’intendant.

ÉTABLISSEMENT DE RELATIONS IMPORTANTES.

Je dis tout de suite que, dans les dernières années de mon administration, quand M. le marquis de Lamoi-