Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/282

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d’un large ruban tricolore en écharpe, se présenta devant la Garde Nationale de Bordeaux, réunie sur la place des Quinconces. Il en passa gravement la revue, escorté du Maire et des Adjoints ; du Conseil de Préfecture et du Secrétaire Général. Ce vieillard, de taille au-dessus de la moyenne, sec, droit, se prenant au sérieux, avait encore assez bon air. Il paraissait ainsi moins âgé de dix ans, qu’avec sa redingote grise de la veille.

M. Clément Thomas s’empressa de quitter Bordeaux, où sa mission ne le retenait plus. Rien à faire avec lui ne se produisit depuis lors.

J’ai cru devoir n’omettre aucune des circonstances dans lesquelles je connus ce personnage, en 1848. Malgré le bon souvenir que me laissèrent nos parfaites relations d’alors, je ne pus le sauver des rigueurs du Ministère de la Police Générale, en 1852. Tout le monde connaît la fin tragique de sa vie, en 1871.

Grâce à l’espèce de transaction ménagée par M. Clément Thomas entre Paris et Bordeaux, nous pûmes, abrités par le vieil Henri Ducos, assurer la tranquillité la plus entière dans le département, jusqu’aux journées de Juin et à la nomination d’un Préfet par le général Cavaignac, devenu Chef du Pouvoir Exécutif.

Sauf quelques changements opérés, au début, dans le personnel administratif et dans les mairies des communes, par M. Chevallier ; un essai d’ateliers nationaux, presque aussitôt abandonné que tenté, dans le Jardin Public ; l’échauffourée Latrade et le pauvre petit chêne planté pompeusement, par M. Clément Thomas, comme Arbre de la Liberté, sur les Quinconces, et dont la destinée me réservait de faire un mince fagot, peu