Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/283

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d’années plus tard, on n’eut guère sujet de s’apercevoir, à Bordeaux, qu’une révolution se fût accomplie en France. Il en fut de même dans tout le département.

À la Préfecture, la correspondance politique, très sobre, de notre Commissaire, avec le Gouvernement Provisoire, se préparait sous mon contrôle, et dans le style de l’époque, par les soins de M. Martin, ancien secrétaire de M. Chevallier, que nous avions conservé. Je traitais, avec le Secrétaire Général et les Chefs de Division, les affaires proprement dites, et les décisions concertées entre nous, soumises par eux au chef officiel de l’administration, qui n’en discuta jamais aucune, recevaient sa signature.

Aussi, M. le baron Sers, en quittant Bordeaux, me dit-il : — « Vous voyez que mon conseil était bon. »

Mais, nous nous attachions scrupuleusement à sauver les apparences vis-à-vis de tout le monde, et de M. Henri Ducos, lui-même. Les fonctionnaires et employés, qui nous devaient le maintien de leurs positions respectives, nous aidaient à dissimuler, au dehors, le rôle effacé dont il se contentait, en l’entourant, comme nous, de marques de déférence propres à donner quelque prestige à son autorité, purement nominale, de fait.

ÉLECTIONS GÉNÉRALES.

Les choses marchaient ainsi, lorsqu’eurent lieu les élections à l’Assemblée Nationale Constituante, le dimanche et le lundi de Pâques, 24 et 25 avril.

C’est à ces élections que, pour la première fois, on admit les bulletins de vote imprimés et apportés du dehors. Le scrutin de liste et le grand nombre des