Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/289

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Une proclamation énergique de notre Commissaire, que nous nous hâtâmes de faire publier dans toutes les communes, ordonna l’ouverture de listes d’enrôlement des Gardes Nationaux prêts à marcher sur Paris, afin d’y rétablir l’ordre, et l’affrétement de navires à vapeur qui porteraient ces mobilisés à Nantes, pour y prendre, sans retard, le chemin de fer.

Cette mesure eut l’effet prévu. Tout le monde voulait partir. Le soir même, à Bordeaux, les listes se couvrirent de signatures. Une revue de la Garde Nationale, indiquée proprio motu par le Maire, pour le lendemain, dans l’intention de généraliser ce mouvement, fut interdite par M. Henri Ducos, sur mon insistance, de peur qu’elle ne devînt, au contraire, l’occasion des manifestations séparatistes que nous comptions prévenir par notre appel. Par excès de prudence, je m’empresse de le reconnaître, on prit les précautions motivées par l’avis invraisemblable de l’arrivée du Maréchal Bugeaud.

Le lendemain, à 5 heures, se présentaient, le sac au dos, soixante gardes nationaux volontaires de Lesparre, commandés par deux officiers. D’autres arrivaient en hâte de divers points du département, lorsque nous parvint, le 26 au soir, une dépêche de Paris, annonçant la fin de la guerre civile, qui nous invitait à suspendre l’envoi de nos premières colonnes de Gardes Nationaux, dont nous venions de télégraphier le prompt embarquement.

Dès la nomination du général Cavaignac, comme Chef du Pouvoir Exécutif, je fus avisé du prochain remplacement des Commissaires du Gouvernement Provisoire dans les départements, par des Préfets, et de l’accord des plus considérables de nos Députés de la Gironde,